COMMENT AIDER SON ENFANT À CONSTRUIRE L’ESTIME DE SOI ET LA CONFIANCE EN SOI
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Cultiver la confiance en soi et l'estime de soi dès l'enfance
Aider un enfant à croire en lui est sans doute l'un des plus beaux cadeaux qu'un parent puisse lui faire. Mais que veut-on dire exactement par «croire en soi» ? En réalité, deux dimensions sont à distinguer : l'estime de soi et la confiance en soi. Ces deux notions sont souvent confondues, mais elles n'agissent pas de la même manière dans le cœur de l'enfant.
Cet article s'adresse aux parents d'enfants entre 3 et 10 ans, une période-clé dans le développement de l'identité, de l'autonomie émotionnelle et de la perception de soi.
Selon les neurosciences , c'est durant ces premières années que le cerveau est le plus malléable (plasticité cérébrale). L'enfant intègre entièrement les messages qu'il reçoit : « Je suis capable », « Je suis aimé », « J'ai de la valeur ». Ce sont des fondations durables pour sa stabilité émotionnelle, sociale et spirituelle.
Comprendre ces notions à la lumière de la psychologie, des neurosciences et de l'islam permet d'accompagner nos enfants avec plus de justice, de douceur et de sagesse.
1. Estime de soi : la perception de sa propre valeur
L'estime de soi correspond au jugement que l'on porte sur soi-même : est-ce que je me sens digne d'être aimé ? Est-ce que je pense que j'ai de la valeur, même quand je ne réussis pas ?
Un enfant avec une faible estime de lui-même aura tendance à penser qu'il n'est « pas assez bon », qu'il dérange ou qu'il n'est pas important. Cela peut le rendre plus sensible au regard des autres, plus anxieux, ou au contraire agressif pour cacher son mal-être.
Du point de vue psychologique, cette estime se construit dès les premières années, à travers le regard des parents, leurs paroles, leur capacité à accueillir l'enfant tel qu'il est, et non tel qu'ils voudraient qu'il soit.
Les neurosciences confirment cela : le cerveau d'un enfant se développe en grande partie sous l'effet des relations qu'il vit. L'amour, la sécurité, l'attention qu'on lui donne participe littéralement à construire ses circuits neuronaux. Quand il se sent aimé sans condition, il développe une base solide pour sa vie émotionnelle et sociale.
L'islam valorise profondément la dignité humaine. Allah dit dans le Coran :
« Nous avons certes honoré les enfants d'Adam… » (Sourate Al-Isra, v.70)
Chaque enfant, chaque être humain, est porteur d'une dignité que personne ne peut lui enlever. Lui transmettre cette idée, c'est l'aider à comprendre que sa valeur ne dépend ni de ses notes, ni de son apparence, ni du regard des autres.
Comment nourrir l'estime de soi de son enfant ?
- Éviter les critiques personnelles : dire « ce que tu as fait n'est pas bien » plutôt que « tu es méchant ».
- L'encourager à se connaître : ses qualités, ses émotions, ce qu'il aime…
- Lui rappeler qu'il est aimé, même quand il se trompe .
- Valoriser ses efforts plus que ses résultats.
2. La confiance en soi : croire qu'on est capable d'agir
La confiance en soi, c'est la conviction : «Je peux essayer, je peux y arriver». Elle se construit par l'expérience. L'enfant ose, il se trompe, il apprend, il recommence.
Le cerveau a besoin de répétitions pour créer des connexions stables. Chaque fois que l'enfant essaie quelque chose de nouveau et qu'il est encouragé même s'il échoue, il renforce sa confiance en lui.
Le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) encourageait cette démarche d'effort et de progression. Il a dit :
« Le croyant fort est meilleur et plus aimé d'Allah que le croyant faible, tout en ayant du bien en chacun d'eux. » ( Rapporté par Muslim)
La force ici ne désigne pas la force physique, mais la force intérieure, celle de l'âme, du courage, de l'endurance.
Pour renforcer la confiance en soi :
- Lui permettre de faire seul , à son rythme.
- Laisser l'échec faire partie de l'apprentissage : il n'est pas un problème, il est un tremplin.
- Rappeler que toute réussite vient avec l'aide d'Allah . On agit, on s'efforce, mais c'est Allah qui accorde le succès :
« Et dis : 'Œuvrez ! Allah verra votre œuvre, de même que Son Messager et les croyants.'» (Souraté At-Tawba, v.105)
3. Ce qu'il faut éviter : les pièges éducatifs
Certains comportements, souvent involontaires, peuvent fragiliser l'estime ou la confiance en soi d'un enfant :
- Les étiquettes : « tu es paresseux », « tu es toujours en retard ». Elles finissent par coller à l'enfant.
- La comparaison : « regarde ta sœur, elle y arrive elle ! » Cela crée un sentiment d'infériorité ou de rivalité.
- Le sur-contrôle : quand on ne laisse pas l'enfant faire seul, il apprend qu'il ne peut pas réussir sans nous.
Dans le hadith suivant, le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a dit à un jeune garçon :
« Ô jeune homme, je vais t'enseigner des paroles : Préserve Allah, et Il te préservera. Préserve Allah, et tu Le trouveras devant toi…» (Tirmidhi)
Ce hadith montre la confiance qu'il avait en lui : il le traite avec sérieux, il lui transmet un enseignement profond, sans le rabaisser ni le surprotéger.
4. Une parole peut construire ou briser
Nos paroles sont des graines dans le cœur de l'enfant. Certaines poussent, d'autres bénissent. L'enfant intègre les mots que nous utilisons comme une vérité sur lui-même.
Rappelons-nous ce hadith :
« En vérité, dans le corps il y a un morceau de chaise qui, s'il est sain, rend tout le corps sain, et s'il est corrompu, rend tout le corps corrompu. C'est le cœur.» (Boukhari, musulman)
Ce cœur, c'est aussi le centre de son estime et de sa confiance. Parlons avec douceur, surtout dans les moments difficiles. N'humilions pas l'enfant, même pour corriger. La pudeur du cœur est précieuse.
5. Des outils concrets pour nourrir la confiance en soi
Voici quelques idées simples que l'on peut mettre en place avec son enfant :
Pour les enfants de 3 à 5 ans :
- Les phrases positives simples et répétées : Par exemple, dites-lui souvent «Tu es capable» ou «Tu es aimé», pour lui transmettre une image positive de lui-même.
- Le jeu libre : Laissez-le explorer et inventer, sans trop d'interventions, pour qu'il découvre ses capacités à son rythme.
- La présence rassurante : Un câlin, une écoute attentive ou simplement être près de lui l'aide à se sentir en sécurité et à développer sa confiance.
Pour les enfants de 6 à 10 ans :
- Installer dans sa chambre un petit tableau ou un mur d'affirmations positives : « Je suis capable », « J'ai de la valeur », « Je peux apprendre ».
- L'inviter à noter chaque soir une petite victoire de la journée, même minime : « J'ai rangé mes affaires », « J'ai aidé mon frère », etc.
- Lui proposer de dire une invocation avant un moment stressant (comme une récitation ou un devoir) : Allâhoumma lâ sahla illâ mâ ja'altahou sahlâ, wa anta taj'alou-l-hazna idhâ shi'ta sahlâ
Ô Allah, rien n'est facile si Tu ne le rends pas facile, et Tu peux rendre la difficulté facile si Tu le veux.
Et surtout, gardez à l'esprit que :
En encourageant l'estime et la confiance en soi, on veille aussi à transmettre la valeur de l'humilité. Il ne s'agit pas d'en faire des enfants orgueilleux ou prétentieux, mais des êtres confiants, conscients que toute capacité vient d'Allah.
6. Nos enfants et le poids du passé
Parfois, notre manière d'éduquer est teintée par notre propre histoire : une éducation rigide, des blessures non exprimées, ou un manque de reconnaissance dans notre propre enfance. Cela peut influencer nos réactions : être trop exigeant, trop dur, ou au contraire trop laxiste, par peur de reproduire.
Mais il est important de se rappeler :
Nos enfants ne sont pas là pour porter le poids de notre passé.
Ils sont une opportunité de grandir avec eux, de casser des schémas, d'avancer avec plus de conscience… avec Rahma (Miséricorde).
Cela demande du courage et de la douceur envers soi-même aussi. Ce que l'on n'a pas reçu, on peut l'apprendre. Ce que l'on a souffert, on peut le transformer.
Conclusion : Accompagner avec foi et douceur
Nos enfants ont besoin d'un socle solide pour grandir : se sentir aimés, capables, et comprendre qu'ils ont de la valeur devant Allah . En cultivant une estime saine et une confiance équilibrée, nous les aidons à devenir des êtres stables, sereins et confiants… en eux-mêmes, mais surtout en leur Créateur.
L'éducation est bien plus qu'une responsabilité parentale : c'est une forme d'adoration . Chaque geste, chaque parole bienveillante, chaque effort pour guider l'enfant avec douceur est une œuvre précieuse aux yeux d'Allah.
Ce chemin exige patience, humilité et renouvellement des intentions. Mais c'est avant tout un acte d'amour et de foi profonde.
Qu'Allah nous facilite cette noble mission, et qu'Il fasse de nos enfants des lumières dans ce monde et dans l'au-delà.
Allâhoumma lâ sahla illâ mâ ja'altahou sahlâ, wa anta taj'alou-l-ḥazna idhâ shi'ta sahlâ.
(Ô Allah, rien n'est facile si Tu ne le rends facile. Et Tu peux rendre facile ce qui paraît difficile.)
SelmaCrea